Le législateur veut sécuriser les usages d’internet
Droit à l’image des enfants
« Pour les auteurs de la proposition de loi, la publication sur les comptes des parents de contenus sur leurs enfants, pratique dénommée en anglais sharenting (contraction de sharing et de parenting), présente des risques importants d’atteinte à leur vie privée. Les images d’enfants sur internet peuvent être en effet détournées, notamment par des réseaux pédophiles. De plus, sur Internet, la diffusion d’images est durable et peut porter préjudice à long terme.
À ces risques s’ajoutent des risques sanitaires. L’exposition excessive au jugement de tiers, la course aux likes, la pratique de certains parents comme le « prank » (canular aux dépens de l’enfant) peuvent générer des problèmes psychologiques chez les enfants, notamment dans l’acceptation de soi et de son image. » (extrait de l’article intitulé « Proposition de loi visant à garantir le respect du droit à l’image des enfants » sur le site vie-publique.fr)
En conséquence, le législateur propose d’une part d’introduire dans la définition de l’autorité parentale la notion de vie privée, d’autre part de demander l’accord de chacun des parents pour diffuser publiquement un contenu relatif à la vie privée d’un enfant.
Réseaux sociaux, porno et majorité numérique
« Les enfants sont massivement connectés aux réseaux sociaux et s’y inscrivent de plus en plus tôt. D’après une enquête de la Commission nationale de l’informatique et des libertés (CNIL) de 2021, la première inscription sur un réseau social interviendrait en moyenne vers l’âge de 8 ans et demi et plus de la moitié des enfants de 10 à 14 ans seraient présents sur ces plateformes. » (extrait de l’article intitulé « Proposition de loi visant à instaurer une majorité numérique et à lutter contre la haine en ligne » sur le site vie-publique.fr)
En parallèle, l’évolution de la consommation de contenus pornographiques chez les enfants et les adolescents est alarmante et a des conséquences lourdes sur leur développement. Un seul chiffre pour illustrer cette tendance : la part des garçons de 12 à 17 ans fréquentant des sites adultes à bondi de plus de moitié en cinq ans ! Un groupe de médecins avaient déjà tenté d’alerter les pouvoirs publics il y a cinq ans en lançant un « appel solennel ».
Face à ces constats, la loi française tente de se mettre au diapason en réfléchissant par exemple à une majorité numérique de 15 ans, à des outils de contrôle numériques permettant de valider l’âge d’un.e internaute en respectant sa confidentialité et à la possibilité pour l’Arcom de bloquer des sites et plateformes problématiques sans passer par un juge.
Arnaques et cyberviolences
Le nombre d’arnaques en ligne a explosé ces dernières années. En surfant sur l’isolation à 1€, le compte personnel formation (CPF) ou encore l’assurance maladie, les pirates parviennent souvent à abuser de la crédulité des gens, notamment les plus fragiles et ceux en situation d’exlusion numérique. Certaines victimes parviennent à se faire indemniser par leur assurance ou leur banque, mais beaucoup ne sont jamais remboursées des sommes qui leur ont été dérobées.
Sur la question des cyberviolences, le cyberharcèlement défraye régulièrement la chronique dans des affaires de suicides d’enfants. Le cyberharcèlement, c’est du harcèlement « classique » augmenté des outils numériques. Un enfant peut maintenant se faire harceler dans et en dehors de l’enceinte de l’école, notamment via les réseaux sociaux.
En réaction à cela, le gouvernement compte mettre en place plusieurs dispositifs, dont un « bouclier anti arnaque » qui mettra en évidence les SMS et emails potentiellement frauduleux, ainsi qu’un système de bannissement numérique permettant d’interdire l’accès aux plateformes de réseaux sociaux pour toute personne condamnée pour des faits de cyberharcèlement, pédopornographie, négationnisme, apologie du terrorisme ou diffusion d’images violentes.
Protéger les enfants d’une exposition excessive aux écrans
Les études le montrent clairement : Une exposition excessive aux écrans est délétère, en particulier pour les enfants et la situation ne va pas en s’arrangeant. C’est une conséquence directe des changements fondamentaux opérés dans notre mode de vie depuis l’avènement du numérique. Pourtant, quelques règles et une remise en question de quelques pratiques quotidiennes permettrait de pondérer un peu cette situation.
Une proposition de loi a été soumise aux députés en janvier dernier « pour prévenir les risques de surexposition des plus jeunes enfants aux écrans et pour mieux sensibiliser les parents et former les professionnels de la petite enfance ». Elle contient plusieurs mesures allant dans ce sens, comme des messages de prévention affichés sur le packaging et les publicités des produits numériques et des formations pour les professionnels de la petite enfance, de l’école et de la santé.
Pour aller plus loin
- Une intervention (« Prise en charge psychologique des mineurs : influence de la pornographie« ) de Maria Hernández-Mora, psychologue clinicienne spécialisée dans les addictions sexuelles et les addictions à la pornographie, dans du colloque « Violences sexuelles entre mineurs: agir, prévenir, guérir » en novembre 2022.
- Un petit récapitulatif utile sur le cyberharcèlement : Que faire pour le prévenir, quelles formes peut-il prendre, que faire lorsqu’on en est victime ?
- Un rapport d’information du Sénat qui date de juin 2018, intitulé « Prendre en main notre destin numérique : l’urgence de la formation« .
- Un article du périodique « Les pros de la petite enfance » qui nuance un peu les dangers de l’exposition des enfants aux écrans.
- Un article du Huffington Post intitulé « Comment se débarrasser des clichés du porno dans sa vie sexuelle ?« .